LE GUIDE DE FIGEAC
par Guy Chassagnard
Ouvrage paru en 1997, réédité en 2018
104 pages - Aux Éditions Segnat
Diffusion : Amazon.fr
Prix TTC : 9,04 €
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LES PREMIÈRES PAGES
Figeac, la légende.
Une rivière tranquille entre des berges verdoyantes et fertiles. Des collines sauvages aux flancs vallonnés exposés au soleil. Le décor était planté pour la venue de l’homme. Celui-ci s’appelait Anastase ; il était abbé d’une communauté installée à Lunan, non loin de là, que tourmentaient de fréquentes inondations. Le vénérable moine rêvait donc d’un nouveau monastère. Un jour, donc, Anastase libéra une colombe qui s’était prise dans un lacs. Celle-ci, pour le remercier, lui conseilla de s’adresser au roi, de passage dans la région. Ce qu’il fit sans attendre.
Alors que Pépin, fils de Martel, et le moine arrivaient au bord de la rivière, apparut un vol de colombes qui se scinda en quatre groupes pour former dans le ciel bleu une grande croix blanche (d’où les armes actuelles de Figeac). Le souverain promit de faire construire le nouveau monastère :
– Fiat !, s’écria Pépin - Que cela se fasse.
– Fige illac !, - Mets-le là, entendirent les assistants.
Dans la charte qu’ils rédigèrent séance tenante, les clercs royaux donnèrent au lieu son nouveau nom : Fiacus - Figeac.
Le nouveau monastère devait être richement doté par le souverain. Il se vit ainsi confier : un morceau de la sainte crèche, des lambeaux de linges du Christ, des grains de l’encens offert par les rois mages, des miettes du pain ayant servi à nourrir les foules dans le désert, enfin des cheveux de la vierge…
Pépin appela le pape Étienne II pour « faire la dédicace » du monastère. Il était minuit lorsque roi, pape et évêques « furent réveillés par une musique céleste et éblouis d’une splendeur prodigieuse au milieu de laquelle apparut le Christ ». Le lendemain, lorsque la procession entra dans l’église, chacun put y admirer des croix peintes sur les murs. Le Christ ayant fait la dédicace, le pontife se contenta de dire la messe.
Figeac, la tradition.
Voyageant en Quercy, en l’an 753, après avoir soumis Hunaut, duc d’Aquitaine, qui refusait de lui rendre hommage, Pépin éprpouva le désir de remercier Dieu de ses victoires par l’édification d’un lieu saint.
La requête des moines de Lunan l’amena ainsi sur la rive du Célé.
– Fiat !, dit-il - Je le veux ici.
Deux années plus tard, le souverain invita le pape Étienne II à consacrer le nouveau monastère. La cérémonie allait commencer à la porte de l’abbatiale lorsqu’une « nuée diaphane » en déroba l’accès, des chants mélodieux se faisant entendre et une odeur suave se répandant sur l’assistance « ce qui remplit d’admiration, non seulement le Roi et le Pape, mais encore tous les assistants qui furent autant de témoins de ce prodige ».
Quand le pape entra dans l’église « il y trouva les empreintes de la croix et de l’onction sainte faites par une main invisibleo».
Une charte paraphée par la main royale et une bulle portant le sceau du souverain pontife marquèrent officiellement la naissance et la consécration du nouveau monastère soumis à la règle de saint Martin.
Figeac, la vraisemblance
En réalité, la fondation de l’abbaye de Figeac et, au-delà, de la ville elle-même, est des plus incertaines. Il est vrai qu’ont été trouvés, ici, sur le site urbain, divers vestiges d’une occupation ancienne, tels des sarcophages mérovingiens, des médailles romaines, des morceaux de poteries, des gonds de portes encore scellés dans la pierre. Mais de date, aucune.
La vraisemblance veut que l’on admette des liens de filiation entre les abbayes de Conques, de Lunan et de Figeac. L’abbaye de Conques (située en Aveyron), l’une des plus prospères de la région, aurait été fondée la première, sous le règne de Charlemagne. Plus tard, elle aurait établi une partie de ses moines à Lunan, non loin de la gauloise Uxellodunum (Capdenac). Mais ceux-ci, peu satisfaits de leur cadre de vie, auraient sollicité de Pépin Ier d’Aquitaine, fils de Louis le Débonnaire, le droit de fonder un nouveau monastère sur les rives du Célé.
Ce qui fut fait, selon un cartulaire de l’abbaye de Conques, le 23 août 838. L’abbaye de Figeac dépendait alors directement de celle de Conques. Ce que n’acceptèrent bientôt plus ses moines. D’où de longues et invraisemblables tracasseries judiciaires, aboutissant à une sentence du Concile de Nîmes, rendue en 1096. Les prélats confirmèrent alors la charte de Pépin le Bref et la bulle d’Étienne II - que les historiens devaient, plus tard, considérer comme d’habiles faux en écriture, réalisés par les moines de Figeac à seule fin de défendre leurs propres intérêts.
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